Le droit international de l’eau a été à la génèse du droit international. Il a aussi contribué à quelque- uns de ses principaux dévéloppements à des échéances cruciales de son évolution. Au XXème siècle pourtant, pendant de longues décennies, il en a été plutôt été l'example de l'un de ses domaines les plus dormants. Dans les années 90, cependant, le droit international de l'eau a connu une importante infléxion qu'il est important d'appréhender, d'autant plus que l'eau est devenue de plus en plus une ressource vitale et scarce et que certains estiment qu'elle pourrait devenir, au moins dans certains azimuts, la source des principaux conflicts internationaux du futur proche. Nous proposons de relever les signes indicateurs de ce changement, aussi bien factuels que normatifs. Nous prétendons ensuite essayer d'identifier leur signification profonde. Ils impliquent sûrement une critique et distancement vis-à-vis le modèle juridique et organisatoire traditionnel de traitement des problèmes de l'eau. Mais, surtout, ils traduisent la volonté de la part de la communauté internationale, de poursuivre un autre chemin, innovateur, face à la croissante crise internationale de l'eau. Dans l’essai d' identification de ces tendances novatrices, nous pensons déceler cinq options fondamentales qui traduisent autant d’autres voies de renouvellement de ce corps juridique auxquelles sous-tendent des choix axiologiques et téléologiques importants: ce que nous appelons les nouvelles "amitiés" du droit international de l'eau. Notamment, nous croyons possible d'identifier dans ces signes de renouvellement une amitié environnementale et d'abordage holistique des problèmes de l'eau et de sa gestion; une très importante amitié subjective ou relationnelle qui justifie et fait appel à la considération d'autres acteurs dans l'esquisse d'une nouvelle réponse pour les questions qui interpèlent le droit international de l'eau; une amitié temporelle qui fait appel à un traitement tout différent du vecteur temps, une amitié juridico-systémique où l'ordre juridique de l'eau est conçu en des termes autres, ce pour quoi il doit faire appel à de nouvelles structures normatives plus aptes à remplir des fonctions juridiques jadis méconnues. Une telle si puissante reconstruction du droit international de l'eau correspond, de notre avis, à une véritable mutation de paradigmes dans le traitement juridique international de l'eau. Ce qui suppose sûrement la prise au sérieux de la crise mondiale de l'eau. Tout autant que cela indique une nouvelle perspective sur la gouvernance internationale de l'eau. Ce nouveau droit international de l'eau opère ainsi une véritable révolution normative. Elle pouvait cependant être loin d'aisée et se heurte à des obstacles ou incertitudes qu'il importe également de pondérer pour mieux cerner les chances de se faire tranquille gagnante.